Lettre à mes 19 ans.

film personnel

 

Deux réflexions intimes sont à l’origine de ce projet très personnel.

La première se situe autour de cette sensation disséminée parfois, à l’écoute de conseils que l’on vous donne tout au long de votre vie, mais qui ne s’applique pas vraiment à vous. Ces conseils sont comme des pensées de l’Autre pour lui même, qu’il ou elle n’a peut être pas su se dire à temps. J’ai une petite soeur de 19 ans qui en apparence me ressemble. Son histoire et son éducation diffèrent de la mienne car nous avons 13 ans d’écart. Moi, j’ai tenté depuis sa naissance de lui apprendre à se protéger. Et à s’exprimer.

La deuxième réflexion, c’est ce travail thérapeutique qui parfois nous amène à parler en s’imaginant face à une personne, pour dire ce qu’on a sur le coeur. Pour guérir. Pour avancer. Pour s’affronter soi-même aussi. Longtemps, je n’ai rien dit. En silence, j’ai fait des images et j’ai transcendé ma souffrance en beauté. J’avais peur de mes propres mots. J’avais peur de ma colère.

Cette lettre est pour moi. Pour me rassurer et me pardonner. Car on s’en veut toujours. De n’avoir rien dit. D’avoir minimiser. D’avoir excuser. Et par cette lettre, je crois, mon déshonneur ne sera plus.

Two intimate reflections are at the origin of this very personal project.

The first is around this sometimes scattered sensation, listening to advices that you are given throughout your life, but that doesn’t really apply to you. These tips are like thoughts of the Other for her/himself, that she or he may not have known how to tell on time. I have a little sister of 19 who looks like me. Her story and education are different from mine because we are 13 years apart. I have tried since birth to teach her how to protect herself. And to express herself.

The second reflection is this therapeutic work that sometimes leads us to speak by imagining ourselves in front of a person, to say what we have on the heart. To heal. To move on. To fight oneself, too. For a long time, I did not say anything. In silence, I made images and I transcended my suffering in beauty. I was afraid of my own words. I was afraid of my anger.

This letter is for me. To reassure me and forgive me. Because we always feel guilty. To have said nothing. To have minimize. To have excused. And by this letter, I believe, my disgrace will be no more.